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Ce blog rassemble une séléction de mes textes. L'approche est plurilingue et interdisciplinaire. Les sujets sont internationaux et concernent notamment la durabilité, l'économie, la politique et certains aspects sociaux. Bonne lecture! - JJ Bürger -

Friday, December 2, 2011

Quelles possibilités pour un urbanisme de la poésie?

Par JJB

Se réapproprier l’espace public de la ville – c’est un objectif qui évoque de multiples associations, allant de certaines craintes et utopies sociologiques et urbanistes jusqu’à différentes formes d’art.
La contestation politique, elle aussi, peut investir les endroits publics; ainsi, le mouvement « Occupy » se définit justement par l’occupation, c’est-à-dire la réappropriation, de l’espace public pour une certaine cause politique.

Pourtant ce n’est pas cette (ré)appropriation combattante dont on parlera ici, mais uniquement de l’art comme moyen inclusif des individus pour changer de point de vue sur l’espace public.

D’ailleurs, il faut aussi mentionner que l’appropriation culturelle ou politique de l’espace public peut également être vécue comme une chose très négative, lorsque l’espace est occupé de manière exclusive, c’est-à-dire en marginalisant certains groupes de personnes.
Ici, au contraire, nous ne parlons que de ce genre d'art en public qui invite les passants à participer dans le jeu du changement de regard, plutôt que de leur imposer un point de vue en particulier.

Facile donc pour les beaux arts, la musique et les arts performatifs, de se manifester dans l’espace public de manière inclusive et spontanée. Par exemple:

Les Beaux Arts

Banksy - Caveman ; source

La musique

Contribution à la Fête de la Musique; source


Les arts performatifs

Flashmob de danse; source

Quant à la littérature, elle est moins à l’aise quand il s’agit de relever ce défi. Et pour cause : en effet, comment un individu ou un petit groupe de personnes pourraient-ils mettre en scène de la littérature dans les lieux publics, malgré le stress et la circulation à grande vitesse de la ville ? Ne comptons pas la poésie dans le métro (car non spontanée, mais installée par la direction), les slams (pas un lieu véritablement public) ou les tags (trop courts pour relever de la littérature, et souvent plutôt agressifs qu’inclusifs).
C'est pourquoi une initiative de Clameurs.fr et Welovewords.fr est venue combler ce vide, avec le soutien de la mairie de Paris.
Il s'agit d'écrire de courts textes sur des endroits précis à Paris, qui peuvent être lu sur le site de Welovewords, un réseau social littéraire, et qui peuvent être lié à une carte interactive de la ville de Paris, via Clameurs. Cette carte interactive permet ensuite à chaque utilisateur d'un smart phone d'avoir accès aux textes qui ont été enregistrés sur les lieux du quartier dans lequel il se trouve. Parmi toutes les contributions, un texte sera couronné par un événement festif qui se déroulera au lieu décrit par le texte.

Certes, on pourrait dire que les barrières technologiques sont trop importantes pour qu'une grande majorité de passants puisse consulter ces oeuvres; que l'événement pour le texte gagnant n'est pas purement littéraire, mais aussi musical; que tout cela vise plutôt à faire vivre des gadgets Web2.0 qu'à promouvoir la culture; on pourrait même dire que les textes ne se manifestent pas vraiment dans l'espace public, mais qu'ils restent prisonniers du monde parallèle qu'est l'informatique.
Mais attention: la commercialisation est souvent encore plus frappante lorsqu'il s'agit des arts visuels ou performatifs (à titre d'exemple: cliquer sur les "sources" des images de Banksy et du flashmob ci-dessus).
De plus, au lieu de critiquer les obstacles qui persistent lors du mariage entre la littérature et l'espace public, mieux vaut apprécier les belles synergies que ces deux mondes peuvent développer.

Par exemple, certains utilisateurs ont tenté d'affronter le monde urbain, parfois hostile, de manière lyrique : en écrivant un poème sur le quartier d'affaires de la Défense ou sur les Invalides.
Un autre exemple est la contribution d'EUplanet, qui décrit la rencontre Oberkampf Voltaire (cf. ci-dessous). N'hésitez pas à voter pour vos favoris sur welovewords.fr !

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Oberkampf Voltaire

L’onzième arrondissement se situe entre la République, la Nation, la Bastille et Père Lachaise. Et ce mélange de révolutions monumentales et de réalités lourdement banales qu’elles deviennent, ce mélange est traversé par le boulevard Voltaire, en largeur, et par la rue Oberkampf, en longueur. Voltaire commence par des restaurants et finit par des banques, en passant par des boutiques de vêtements dégriffés, venues de l’étranger. Oberkampf commence par un cirque, près de ce qui fut le boulevard des crimes, et finit par la restauration rapide américaine. Voltaire fut philosophe, Oberkampf, venu de l’étranger, fut producteur de vêtements dégriffés pour Napoléon.


Lorsque leurs voies se croisent… rien ne se passe.


Néanmoins : en faisant très attention, on peut entendre murmurer le canal Saint-Martin, qui se cache sous les boulevards Richard Lenoir et Jules Ferry. Une file d’attente arrive jusqu’à la rue Oberkampf, car les gens ont envie d’écouter les musiciens ou le politicien qui se produiront sur la scène de la fameuse discothèque colorée, juste à côté. Une veille dame rentre du marché, les sacs bien remplis. Dans l’autre direction, deux personnes rentrent de leur balade au Marais en se disputant froidement. Leur chien écoute. Plus loin, devant la boutique des motards, les Communards avait érigé une barricade.
Un groupe de jeunes s’est trompé : les bars se trouvent à l’autre bout de la rue Oberkampf. Une famille passe, qui n’habite plus ici; car ailleurs, il y avait une chambre de plus et une atmosphère plus distinguée. Mais leurs visages ne font pas mine de regretter le changement. Les amis touristes visitent le quartier et adorent l’architecture. Pourtant, sur les balcons du boulevard, au sixième, ce ne sont pas que les fortunés qui bronzent, mais aussi les draps d’un couple de retraités. Et même en bas, sur le trottoir Oberkampf Voltaire, le soleil frappe jusqu’au soir, là où il n’y a aucun vis-à-vis.chambre de plus et une atmosphère plus distinguée. Mais leurs visages ne font pas mine de regretter le changement. Les amis touristes visitent le quartier et adorent l’architecture. Pourtant, sur les balcons du boulevard, au sixième, ce ne sont pas que les fortunés qui bronzent, mais aussi les draps d’un couple de retraités. Et même en bas, sur le trottoir Oberkampf Voltaire, le soleil frappe jusqu’au soir, là où il n’y a aucun vis-à-vis.

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